Histoire de la création de l'Athénée Royal de Costermansville / Bukavu




L’Athénée Royal de Bukavu,

Celui par lequel tout a commencé...

Il était une fois à Bukavu, qui s’appelait alors Costermansville, trois idéalistes qui croyaient vital qu’un réseau d’enseignement laïc pût s’épanouir au Congo (1). L’idée fit son chemin et, vers la fin de la guerre, prit la forme d’une association, I’A.P.E.I. ou Association Pour l’Ecole Laïque, où l’on retrouvait nos trois utopistes : Pierre Herman, Georges Pieraerts et Raoul Piron. Un chimiste, un médecin, un avocat.
Ils savaient qu’une action même continue, même inlassable auprès des autorités de la colonie comme du gouvernement belge ne suffirait pas s’ils n’avaient pour les soutenir de nombreux adhérents. Alertés par le tam-tam des laïcs d’alors, quelques illuminés se mirent en tête d’en réunir à travers la colonie. Un certain Jean-Hubert Vandresse, magistrat stagiaire à Kaloko (prov. Katanga) leur envoya à lui tout seul une centaine de signatures (2).
Le gouvernement en exil à Londres et son ineffable ministre des colonies, surnommé par les uns « De vrai-chou-vert ». par les autres ‘Ik alleen ». firent la sourde oreille. Il fallut attendre un nouveau gouvernement comprenant, innovation surprenante, un ministre des colonies libéral, pour que I’idée de créer un athénée à Costermansville devint un projet sérieux... Les deux grandes villes, Eville et Léo, ne pouvaient être en reste. Ainsi, grâce à la volonté conjuguée d’une poignée de laïcs de Bukavu et d’ailleurs, naquirent simultanément en septembre l946,les athénées de Bukavu, Eville et Léo.
Oh, fort modestement ! A Bukavu, les classes se tenaient dans des pavillons bâtis à Stalingrad, la colline à potopote, pour héberger les épouses de militaires partis sur le front d’Abyssinie. Pour I’internat on avait réquisitionné I’hôtel de la Ruzizi au bout de la presqu’île de Nguba. Habitué à confier l’éducation des petites têtes blondes aux congrégations qui disposaient d’un monopole de fait (du prince), le gouvernement de la colonie n’avait pas encore pris le pli de gérer les finances de I’enseignement laïc.. . C’est ainsi que Henri Levarlet, le premier préfet de l’athénée, reçut une moukande comminatoire de Léopoldville lui enjoignant de verser au Trésor le minerval des élèves. Il leur répondit que, n’ayant jamais reçu le moindre subside, il voyait mal comment il pourrait dès lors payer les pots de confiture… Il fut convoqué aussi sec par le gouvernement général, car si sa métaphore nous apparaît lumineuse, elle ne l’était pas dans le chef des bureaucrates de la capitale congolaise.. .
Heureusement, le ministre Godding avait vu grand et loin. Le bout de la presqu’île de Dendéré fut choisi comme site des bâtiments définitifs. L’école primaire entrait dans ses locaux en 1951, tandis que les humanités s’y installèrent à la rentrée 1952, en même temps qu’était inauguré I’internat, regroupant ainsi en deux ailes, une pour les filles, une pour les garçons, les petits internats multipliés entre-temps et éparpillés entre la Kawa, l’hôtel de la Ruzizi et l’hôtel des Chutes, situé à Shangugu.
Le site était magnifique. Les bâtiments aussi. Si, lors du déménagement, les internes conçurent quelque nostalgie au souvenir de leurs logements d’origine, rares sont les anciens de Bukavu qui ne gardent encore aujourd’hui un souvenir lumineux de leurs années d’athénée. Même s’il pleuvait trop souvent à leur goût, même si les premières heures de retour de vacances ne se passaient pas sans quelques boules dans la gorge et sans mouchoirs humides.


Signé : Nelle Ghyselinck et Claude Nemry (Anciens de Bukavu)

1. Chers anciens d'Eville, ils n'étaient pas les premiers: un institut laïque vit le jour à Kipushi en 1941 mais ne fonctionna que durant un ou deux ans.
2. Chers anciens de Jadotville, sachez que ce même J-H Vandresse serait quelques années plus tard l'homme qui, au conseil de province, obtiendrait pour l'athénée de Jadotville l'extension aux humanités complètes. Ce résultat ne plut pas à tout le monde car on le muta illico à Coquihatville!

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Chronologie de la localisation des sites occupés par l'Athénée Royal de Costermansville / Bukavu

Création de l'Athénée (classes primaires et humanités secondaires) en septembre 1946 sur le plateau dit de Stalingrad. Les élèves dont les parents n'habitent pas Costermansville se retrouvent à l'internat. L'infrastructure de cet internat n'étant pas encore en place, les élèves internes seront répartis dans trois internats temporaires (de 1946 à 1952). La Kawa (les grands garçons), la Ruzizi (filles et garçons :les petits) et les Chutes réservé aux grandes filles.Le transport des élèves est assuré par un service de bus jusque Stalingrad où se donnent les cours.
En septembre 1952, tout sera regroupé sur la presqu'île de la  Dendere (école gardienne, primaire, secondaire, internat des garçons et internat des filles) ...et ce officiellement jusqu'en juillet 1960.

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Le plateau de Stalingrad (les classes)

 Les classes, de 1946 à 1952, se tenaient dans des pavillons bâtis sur le plateau dit de Stalingrad, la colline à potopote, pour héberger les épouses de militaires partis sur le front d’Abyssinie ! 

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L'internat des garçons (les grands) de l'athénée royal de Costermansville, à la Kawa

1949. Pierre Bock, Jan Van der Haeghen, Jeff Van de Gaer, ?, Jean Ratz, Desousa, Hubert Matthes, devant l'internat des 'grands' de la Kawa (ancienne pension Hemeryck, situé en face du terrain de football de la Kawa, utilisé temporairement comme internat des élèves (garçons) les plus âgés de l'athénée royal de Costermansville/Bukavu, jusqu'en 1952/53)

Collection Marc Hoebeke

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L'internat de la Ruzizi à Nguba


Date : vers 1949. Vue aérienne nord-sud de la partie orientale de la ville de Costermansville. Sur la gauche, séparé par la vallée de la Ruzizi, le Ruanda-Urundi. Au centre, Nguba, dont l'extrémité de la presqu'île est occupée par l'Hôtel de la Ruzizi (construit déjà en 1930 !). Cet hôtel servira temporairement d'internat pour l'athénée royal de Costermansville de 1947 à 1952.
Aujourd'hui, il est occupé par ' Le centre de formation missionnaire Notre Dame de l'Afrique'

1 - le pont de la Ruzizi
2 - la zone récréative des élèves de l'internat
3 - le ponton de bois et deux cabines de bain
4 - le terrain de tennis (zone de jeux)
5 - le bâtiment principal (réfectoire, administration, infirmerie)
6 - le dortoir des garçons (construction légère)
7 - la salle d'étude
8 - zone d'habitation des domestiques
9 - bâtiment technique (pompe, générateur électrique)
10 - le dortoir des filles (les 'petites')

Collection Pierre Gallez

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Vue sur Shangugu, le pont de la Ruzizi et l'internat (grandes filles) des 'Chutes'

1950. Le pont de la Ruzizi, Alukivu, l' Hôtel des Chutes (devenu internat des filles de l'athénée royal de Costermansville) . Il n'y a pas encore l'atelier ni le chantier naval de Vander Auwera. Au dessus de l'Hôtel des Chutes on distingue (partiellement) une des maisons Duhot. 

( Collection Luc Van Gremberghe ) 

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Les bâtiments de la Dendere





1-  École gardienne
2 - École primaire
3 - École secondaire
4 - Internat des garçons
5 - Internat des filles
6 - Internat (bureau, cuisines,réfectoires)
7 - Maison du Directeur de l'internat
8 - Terrain de football de l'athénée
2 - École primaire, 3 - École secondaire



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4 - Internat des garçons
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5 - Internat des filles
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6 -  La façade avant du bâtiment central de l'internat de l'athénée (n°6 de la carte), en voie d'achèvement (1949 / 1950). Sur la gauche subsiste encore un vestige de l'occupation ancienne de la Force Publique. Ce bâtiment au toit de chaume sera démoli dans les semaines qui ont suivi la prise de la photo.

Construction Trabeka. Supervision des travaux Mr Lucien Smons

( Collection André Smons )

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7 - La maison du Directeur de l'Internat
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La DENDERE vers 1955

 L’école primaire (n°2) entrait dans ses locaux en 1951, tandis que les humanités (n°3) s’y installèrent à la rentrée 1952, en même temps qu’était inauguré I’internat (n°6), regroupant ainsi en deux ailes, une pour les filles (n°5), une pour les garçons (n°4), les petits internats multipliés entre-temps et éparpillés entre la Kawa, l’hôtel de la Ruzizi et l’hôtel des Chutes, situé à Shangugu.


1-  École gardienne
2 - École primaire
3 - École secondaire
4 - Internat des garçons
5 - Internat des filles
6 - Internat (bureau, cuisines,réfectoires)
7 - Maison du Directeur de l'internat
8 - Terrain de football de l'athénée
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Voici la  fiche de la deuxième inscription historique (recto, verso du document original) à cet athénée, libellée au nom de Pierre Gallez. La première inscription était au nom de Micheline Levarlet ( la fille du premier préfet).


Documents Pierre Gallez